Les mythes et les contes amérindiens sont traditionnellement un moyen de transmettre les enseignements spirituels et des coutumes, de génération en génération. La transmission orale a besoin de ce media pour s’imprimer dans les mémoires et chacun peut les entendre à la mesure de sa propre évolution.
J’ai choisi de partager avec toi ce récit, bien éloigné d’un conte de fées ou d’un conte de Noël. Il résonne, à mon sens, très fort, avec ce que nous les temps que nous vivons. De là, à dire que les amérindiens sont d’une grande sagesse, il n’y a qu’un pas, que je t’invite volontiers à franchir.
Un conte amérindien peut se comprendre de multiples façons
Le néophyte, l’enfant peuvent l’entendre comme une simple histoire et pourtant il n’est pas réservé au jeune public, loin s’en faut.
Distrayant, fantasmagorique, il prend son relief et son sens grâce au talent des conteurs. Le conte traditionnel indien est un enseignement spirituel à lui tout seul. Impossible, pour des peuples nomades de s’encombrer de recueils écrits, il est donc de tradition orale.
L’initié, lui saura en tirer la quintessence, en retirer tout l’enseignement spirituel.
Entre les deux, il y a toute une gradation de compréhensions multiples, où chacun va trouver ce qui est bon pour lui.
C’est là toute la magie de ces légendes indiennes !
J’ai choisi ici de t’en donner plusieurs analyses, mais tout d’abord place au conte !
Un récit amérindien des peuples autochtones d’Amérique du Nord et…
plus précisément, des mythes et des chants navajos et pueblos *,(Arizona, Nouveau Mexique…)
Je trouve cela absolument fascinant, car j’ai retrouvé des récits apparentés chez les peuples indigènes d’Amérique du Sud. On est pourtant à des milliers de kilomètres des grandes plaines et des bisons d’Amérique du Nord !
Chez les wayampis de Guyane**, on retrouve ce mythe de la création du monde qui commence par la Terre et le Ciel, puis ensuite la forêt en même temps que l’eau. L’homme et la femme sont créés en les modelant dans de la terre à poterie. Les indiens Kogis pensent eux aussi que la Terre Mère et le Soleil sont à l’origine de la création du Monde***
Pour les wayãpis comme pour les navajos, la destruction du premier monde est l’oeuvre du feu. Chez les uns les eaux détruisent le deuxième monde … » l’eau monta jusqu’au sommet des montagnes, elle coulait toujours. Tous les hommes finirent bel et bien leur vie ainsi, dans l’eau.
Un seul survécut, peut-être bien un fils de Yaneya »**. Chez les autres le déluge est la destruction du 3e monde.
Je ne t’apprends rien en te disant que le récit du déluge est universel. Il figure en bonne place dans l’ancien testament et dans bien des traditions.
Et puis, on ne va chipoter pour savoir si l’eau opère la destruction du deuxième ou du troisième monde, ça ne me semble pas être l’enseignement majeur de ces histoires traditionnelles, transmises par les peuples amérindiens depuis la nuit des temps.
Une première lecture de ce conte indien pourrait faire frissonner…
…surtout pendant les temps troublés que nous traversons.
Comment ne pas relier le chaos que nous traversons avec une destruction probable de notre monde ? comment ne pas entendre que le monde d’avant, je veux dire le monde d’avant la pandémie est définitivement sous l’eau ? Comment ne pas écouter l’avertissement pour l’humanité dans ces légendes traditionnelles ?
Ne sommes nous pas de plus en plus déconnectés de la Nature, de la Terre-Mère ? Bien sûr que oui et les crises successives que nous traversons, nous déconnectent encore plus. Elles nous empêchent de nous relier aux fondamentaux de la vie : respirer librement, chérir ceux que nous aimons, interagir en société et … prendre soin de notre reliance à la Terre- Mère.
Oui, de plus en plus de personnes s’écartent du « Sentier de la Beauté et de la Piste du Chant ».
Oui, bon nombre ne pensent plus qu’à « satisfaire leurs propres désirs, à augmenter leur pouvoir. »
Oui, bon nombre oublient que « tous les êtres vivants sont frères, les hommes, les animaux, les végétaux sont tous nés de la même mère ».
Oui, bon nombre « prennent à la terre plus que nécessaire, plus que ce dont ils ont besoin. Ils ne laissent pas assez de graines et de fruits pour que les plantes repoussent, tuent plus d’animaux qu’ils n’en faut pour se nourrir. Ils prennent goût à bien se vêtir, à beaucoup se nourrir. Ils refusent de partager. » Gaspiller est totalement tabou pour les nations amérindiennes que je connais.
Oui certains sont même devenus des « deux cœurs, leur bouche dit une chose, leurs mains en font une autre. »
Oui, certains détournent « les enseignements et les rites sacrés pour assouvir leurs désirs égoïstes et en font fait la pire des sorcellerie. » Ah ! la belle occasion qui m’est donnée là encore de parler de ce grand supermarché de la spiritualité qui m’agace tant, de ces gourous autoproclamés qui font des dégâts considérables dans les coeurs et les esprits !
Oui, avec ce mythe de la destruction de 3 mondes successifs on peut se dire que l’humanité n’a toujours rien compris. On peut alors y voir une extinction de l’humanité en marche… la quatrième extinction !
Pourtant, ce bazar ambiant que nous vivons est une bonne chose :
Oui ! je sais, je risque de choquer certains.
Il n’empêche. Parce que le temps presse, des prises de conscience se font. Je veux parler de l’urgence climatique, de la préservation de la nature…
Parce que les avertissements (catastrophes naturelles…) sont de plus en plus nombreux et de plus en plus intenses, un nombre croissant de personnes prend conscience qu’on ne peut pas épuiser les ressources de la Terre Mère impunément…
Parce que de plus en plus de personnes ne vont pas bien, elles cherchent autre chose, une dimension humaine et spirituelle plus élevée…
Et ça ça va plutôt dans le bon sens ! même si c’est douloureux à vivre et en ce moment particulièrement… Si tu veux voir ce que je pense de l’enseignement spirituel des crises, tu peux regarder cette video.
Justement c’est peut-être parce que c’est douloureux à vivre, que nous commençons enfin à entendre l’avertissement, que nous disent les tribus amérindiennes depuis des dizaines d’années.
Mais je vois aussi dans ce mythe amérindien, un formidable espoir de trouver le Chemin de la Beauté
Dans ce conte merveilleux, chaque fois que l’humanité s’écarte de l’harmonie, à chaque effondrement, la Terre-Mère protège des hommes à l’intérieur de la matrice. Elle ne détruit jamais complètement, il y a toujours un chemin de renaissance.
Les indiens d’Amérique sont toujours soucieux d’équilibre. Je vois dans cette légende un balancier qui permet de le rétablir. Chaque fois que les deux jambes s’écartent de la Nature, ils finissent détruits. Chaque fois qu’ils y reviennent, ils renaissent sur le Sentier de la Beauté.
Et j’ai aussi en tête le fait que dans les traditions amérindiennes, il n’y a pas de dissociation entre l’humanité et la nature. Et cela m’amène à une autre lecture de contes, à la perception d’un autre message.
La nature est l’homme et l’homme est la nature. Chaque fois que l’homme s’écarte de la Nature, donc de lui-même, il y effondrement. Seuls ceux qui ne se sont pas écartés d’eux mêmes, sont préservés… par la Terre-Mère, donc par eux-mêmes. Chaque fois il y a renaissance et tant que l’humanité est connectée à la Nature, donc à elle-même, tout va bien, la vie est harmonieuse.
Aujourd’hui, il est difficile d’agir sur la tempête qui se déchaine sur le monde. Bien sûr, on peut le faire si on est un dirigeant de ce monde (et nous pouvons élire les bons dirigeants…). Bien sûr on peut le faire si on est chercheur en sciences, médecin … mais aussi…
Chacun d’entre nous peut agir sur lui-même, sur sa propre reliance, prendre soin de sa divinité intérieure, se relier à une spiritualité joyeuse et puissante, éviter les gourous de pacotille et marcher son chemin, son Chemin de la Beauté sur la piste du Chant .
Agir sur nous-même, c’est aussi une façon de nous relier à la Mère-Terre, à notre mission de vie, à notre âme.
Agir pour nous-même, c’est un pouvoir merveilleux que chacun d’entre nous détient… et c’est là toute la merveille de cette légende indienne, porteuse aussi d’un formidable espoir, celui que les humains retrouvent la piste du Chant et le sentier de la Beauté…
Et tellement de délicatesse.
Comment ne pas relever la délicatesse de la Terre-Mère, Femme-Araignée qui tisse un cocon pour les êtres qu’elle modèle ?
Comment ne pas être touché par le geste de la Terre-Mère qui s’incarne pour protéger mieux les humains. Elle les accompagne pour les aider à demeurer sur la bonne voie et lors du sacrifice de son coeur, leur offre l’abondance en partage (avec les 4 céréales sacrées). C’est bizarre d’ailleurs, ça me fait penser à un enfant divin né le 25 décembre…
Comment ne pas voir le clin d’oeil dans le fait qu’elle « rajeunit chaque printemps ».
Comment ne pas noter les allusions à la roue du Samsara, cycle d’incarnations, dans lequel sont enfermés ceux qui suivent les « mauvais esprits », qui doivent renaître, beaucoup souffrir tant qu’il n’aura pas compris les lois sacrées.
Comment ne pas entendre le rappel des dieux rappellent « l’existence sur la terre n’est qu’un passage » ? d’ailleurs est-ce un passage ou un pas-sage ?
Et pour conclure noter la délicatesse de l’attention : « pour que les hommes ne s’écartent plus jamais de la piste de l’harmonie et qu’ils se souviennent de leurs erreurs passées, les dieux ont inventé les contes et légendes et institué les cérémonies sacrées. »
Mais ce que j’aime par dessus tout dans les traditions amérindiennes, c’est qu’elles sont toujours légères comme une plume et qu’elles laissent une grande liberté. Chacun les entend comme il le souhaite et trace sa voie, marche son chemin, sa piste du Chant, son sentier de la beauté à lui.
J’ai partagé mon analyse et mes pensées avec toi. J’aimerais tant lire les tiennes. Les commentaires sous cet article t’appartiennent, je te répondrai avec plaisir !
* Contes des sages peaux-rouges – Pascal Fauliot et Patrick Fischmann – Seuil (ce livre est disponible à la bibliothèque de Belfort)
** Et l’homme devant jaguar – Françoise Grenand – L’Harmattan – collection amérindienne
*** Rendez vous en Terre Inconnue chez les indiens Kogis avec Thomas Pesquet et Frédéric Lopez
Bonsoir Pascale
personnellement ce conte m’a fait pleurer! Je l’ai trouvé triste, j’entends bien sa leçon,mais faut-il croire que la prise de conscience de certains suffira à basculer vers un nouveau Monde où l’homme se reconnectera à la Nature et prendra soin d’elle et de son humanité? Une poignée d’individus face à tellement de jeux de pouvoirs! Et ce foutu argent « nerf de la guerre ». Cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti un tel découragement car je ne crois pas que nous soyons encore sortis de cette période, nouvelle année ou pas. Et pourtant je me sens habitée tout au fond de moi d’un indéniable espoir, espoir qui m’a fait traverser bien des moments difficiles pour arriver jusqu’à aujourd’hui.
Merci pour ce conte et ton analyse. Je te souhaite un merveilleux nouveau Monde
Myriam
Oh je suis désolée qu’il t’ai fait pleurer. Je pense que nous enfantons d’un nouveau monde… et tu sais bien qu’un enfantement est jalonné de douleurs, mais quand l’enfant est là… quel bonheur alors ! Ne te décourage pas, ce que nous vivons est juste un sale moment à passer, une contraction nécessaire pour une re-naissance !
Comme ce conte fait écho à l’histoire de l’humanité !
L’homme s’écarte du chemin, mais les dieux sont patients et aimants, ils sont toujours là pour nous remettre sur le sentier de la Beauté jusqu’au prochain chaos ?
Incarnation de la terre mère,analogie avec ce temps de Noël, Jésus envoyé sur terre..
Réflexions après une 1ére écoute, aussi à ré-écouter pour en tirer des enseignements
Merci Pascale
Avec plaisir Odile ! oui, comme un écho…tu as raison. Ces légendes amérindiennes n’en finissent pas de me fasciner.
Merci Pascale de nous faire vivre ce comte avec tellement de vérité (s) . Les images sont très belles ainsi que le lien avec l’univers dans son entièreté et sa beauté, tout resonne en moi avec l’espoir d’un nouveau monde conscient , respectueux , uni , magique de beauté et de solidarité. Je retiens que chacun doit jouer son rôle de colibri pour aider à l’union en remerciant, en priant , en célébrant ! Merci, Merci, Merci
Mais avec grand plaisir Edith ! Oui, chacun, chacune nous avons notre rôle à jouer, notre partition à jouer… Belles fêtes de fin d’année à toi !
Bonsoir Pascale
Merci pour ce partage
Nous entrons dans un nouvel air
J’ai confiance en la prise de conscience individuelle qui petit à petit devient collective
Je suis optimiste pour l’avenir
Nos enfants ont les capacités et l’envie de faire bouger les choses vers un monde meilleur avec respect de la terre mère, un monde de partage et de bonheur où chacun a sa place
Faisons leur confiance
Accompagnons les
Joyeux Noël
Tu as raison, Isabelle, faisons confiance, nos enfants ont tous les atouts en mains et ils sont porteurs de tant de sagesse. Juste les accompagner et les soutenir quand c’est besoin, c’est là une grande sagesse. Joyeux Noël à toi aussi !
Bonsoir Pascale,
Noël est passé et je viens d’écouter ce très beau conte.
Bises sûr qu’il résonne. Tellement proche des enseignements des catholiques. Tout ces contes et leur légendes qui au fond nous interpelle sur notre rôle dans ce monde, notre recherche de spiritualité, de mieux -être. A nous de les reconnaître et nous reconnecter avec la terre-mère et le père-soleil.
On y arrivera tous ensemble si on suis chacun notre chemin au fond.
Merci beaucoup pour le partage
Patricia
Bonjour Patricia,
Bien sûr qu’on va y arriver ! on est de plus en plus nombreux.ses à prendre conscience et à agir et ça c’est super ! Passe de bonnes fêtes de fin d’année.
Bises. Pascale
Bonjour Pascale et enchantée!
Je découvre le propos de ton blog en recherchant un conte de déluge vu par différentes traditions.
Je suis conteuse entre autre chose. Les contes sont un support formidable pour nous qui souhaitons soutenir nos proches et comme le Colibri D’Amazonie, faire notre part.
C’est ce que je peux faire de plus sensé me sembles t’il: raconter des contes traditionnels
Je vis dans l’arrière pays niçois, vallée de la Roya.
Début octobre la tempête Ales a dévasté la Vallée. Laissant la plupart des habitants très accablés.
Un projet s’ouvre de proposer à la médiathèque des moments contés suivis d’ateliers philos a destination d’un public d’adolescents et les 3 premiers seront sur le thème de la catastrophe naturelle. Je suis curieuse de ce partage a venir!
J’ai un coup de coeur pour le conte que tu as partagé.
serais tu ok de faire avec moi un « échange de contes? »
Connais tu d’ores et déjà le Conte du 6eme rêve(cherokee je crois…) ?
Je n’ai pas trouvé ton mail sur le blog mais me propose de te le faire parvenir.
Serais tu ok de me faire parvenir le texte de Sipapou?
En te remerciant par avance!
Emilie
Bonjour Emilie,
Oui, bien sûr ! avec grand plaisir. Je t’envoie un mail.
Belle journée à toi ! Pascale
bonjour Pascale!
je viens juste de tomber sur votre site que je découvre et qui m’intéresse fort. je suis en quête d’un conte amérindien que j’ai lu il y a au moins trente cinq ans de cela et qui a marqué tant mes enfants que moi- même. Peut-être le connaissez vous et m’aiderez-vous à le retrouver. en voici le thème: deux frères , l’ainé et le cadet, sont convoqués auprès du père qui se meurt. Celui-ci donne un mot d’ordre au cadet: « Ne quitte jamais ton ainé des yeux. Suis le et ne te retourne pas ». Le père mort les deux frères s’en vont et tout va bien, jusqu’à ce que le second se laisse distraire et se retourne….Il n’a que le temps de voir son ainé emporté par un tigre (ou un jaguar). Alors commence pour lui de très nombreuses et dangereuses épreuves dont, entre autre, la traversée de la forêt mangeuse de chair. Quand, ayant semble-t-il enfin triomphé de tout, il arrive devant une immense muraille infranchissable Il s’effondre: désespéré…. Et là voit au bas du mur une minuscule porte….En se coulant dans cette issue il trouve son frère avec à ses cotés une merveilleuse jeune fille vétue d’une peau de jaguar… Merci de m’avoir lu et peut-être pourrez vous me renseigner. Trés bonne suite à vous , je vais regarder plus amplement votre site.
Bonjour Marie-Claude,
Je ne connais pas le conte amérindien dont tu parles… Les contes amérindiens sont souvent de tradition orale, d’où la difficulté à mettre la main dessus. Mais si tu le retrouves, je serais très intéressée de le connaître. belle journée à toi
Merci Pascale
…joie de transmettre et soif d’apprendre
quand la vie est rencontres et partage
Aho !
Pascal P.
Merci à toi. C’est un plaisir pour moi de transmettre cette sagesse du peuple amérindien, si riche d’enseignements, surtout dans le monde actuel.